dimanche 31 janvier 2010

Pauvre Réveil

ENVOYERIMPRIMERRÉAGIRArticle paru
le 2 septembre 1994

Pauvre Réveil

Serge Ritman

Un réveil est posé sur une table, cadran face au public, et, la sonnerie déclenchée, le texte suivant est déclamé en marchant dans un mouvement de balancier ou en tournant dans le sens inverse des aiguilles d’une montre :.

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Ce qu’il y a d’incompréhensible dans la poésie c’est la poésie.

Ce qu’il y a de préhensible dans le poème c’est le poème.

Ce qu’il y a de sensible dans le vers c’est le vers.

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Ce qu’il y a de sens dans le sens c’est la direction.

Ce qu’il y a de dire dans la direction c’est l’érection.

Ce qu’il y a d’érection dans le dit c’est la chute.

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Ce qu’il y a de chute dans le rire c’est le rythme.

Ce qu’il y a de rythme dans la dérision c’est la décision.

Ce qu’il y a de décision dans le discours c’est le « ça suffit ! ».

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Ce qu’il y a de suffisance dans le poème c’est la poésie.

Ce qu’il y a de compréhensible dans la poésie c’est le présent.

Ce qu’il y a de présent dans le présent c’est la prise.

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Les douze dévers déclamés, la sonnerie du réveil est immédiatement arrêtée et, essoufflé, est dit sur un tout autre ton ce dernier, treizième, dévers :.

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Ce qu’il y a de déprise dans la prise !!!.

Serge Ritman, né à Cholet en 1954, est professeur des écoles dans la banlieue parisienne. Il est membre du comité de rédaction de la revue « le Français aujourd’hui » pour laquelle il rédige des chroniques de poésie. Il anime le Centre d’initiatives poétiques en Val-d’Oise. Il participe régulièrement aux revues « Sapriphage » et « Maison atrides et cie ». Il vient de terminer une monographie consacrée à Francis Ponge (éditions Bertrand Lacoste) sous le nom de Serge Martin.

DOMINIQUE GRANDMONT

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