vendredi 1 janvier 2016

Cécile Guivarch à propos de Tu pars, je vacille

Tu pars, je vacille, Serge Ritman, Tarabuste Éditeur
Ce livre est surprenant. Le lecteur y entre par de multiples points d’entrées. À la fois hommage à l’écriture, aux talents qui ont influencé l’auteur (Ghérasim Luca, Marina Tsvetaïeva, Pasternak, Rilke, Cendrars, Quevedo, Bachelard, Ingeborg Bachmann, Mozart, etc.) à l’amour, au corps, à la vie, à la mort, aux fleurs. Hommage aux lettres, aux voyelles, aux consonnes. Hommage à la voix, aux voix, à la langue, à l’oreille. Hommage à la muse, à l’inspiration, au souffle. Ce livre est dense. 172 pages dans lesquelles, tour à tour, prose et vers se déroulent, s’enroulent, s’emmêlent, embarquent puis lâchent le lecteur dans un concert de mots, d’images magnifiques, une langue inventée. Et ça recommence, ça continue, car la continuité semble être le fil de ce livre. Tout en résonance, sans retenue, le lecteur avance dans ce livre, à petits pas, et puis recule, croit percer un mystère et revient au point de départ. Car le mystère dans ce livre, faut-il chercher à l’élucider ? Ne conviendrait-il pas de se laisser porter par la musique du texte. Le « tu » auquel s’adresse Serge Ritman serait-il tour à tour le poème, l’écriture, la muse ? Les lectures ne sont-elles pas celles qui agrandissent le poème ? Originalité. Gestes lyriques. Mouvement d’écriture. Syntaxe revisitée. Liberté de langue. Langue nouvelle. Roman poème. « Narration emportée dans la voix ». Roman en rimes. Rimes intérieures. Rimes ou musique, tel un concert. Poème qu’on aurait l’impression de relire sans cesse. Quelle aventure d’écriture cela a dû être ! Quelle expérience à vivre, à écrire ? Ce livre est un tourbillon. À découvrir. À méditer. Quelque chose de nouveau se produit là. Quelque chose qui se démarque de notre poésie contemporaine. Une poésie qui se créée. C’est nouveau. C’est unique.
« tu es mouvement je monologue tes tu tous tes poèmes mes imperfections dans tes imparfaits se couchent roulent tes syllabes en bouche et me noient tes belles de nuit avec tout ton jour lumière comme, une blessure aucune je ne veux en ta robe mon cheval emporte sur mon premier baiser tes contes me récitent ta vie ma sœur chevauche dans l’appel de nous lève un poème il serre ton je dans mon tu »